Vis ma vie de directeur d’auberge de jeunesse à HI La Clusaz

Peux-tu te présenter en quelques mots ? (ton parcours professionnel, tes passions…)

Je m’appelle Clément, j’ai 31 ans et je viens d’Aix-en-Provence. Je suis passionné de VTT, de voile et de voyage depuis toujours. J’ai notamment eu l’occasion d’allier deux de mes passions en ramenant le bateau de mon père de Ushuaïa jusqu’en France. Un rêve !

Pour ce qui est de mes études, j’ai commencé par du Droit mais je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas la bonne voie. J’ai donc continué dans l’hôtellerie en intégrant l’école VATEL (Ecole Internationale du management de l’hôtellerie et du tourisme). Une superbe expérience ! En effet, il y avait une partie en stage-école c’est-à-dire qu’on travaillait dans un restaurant-hôtel et on avait de nombreuses périodes de stages où j’ai pu découvrir d’autres métiers. J’ai fait des stages à Nice, Monaco et aussi en Nouvelle-Calédonie.

Ensuite, j’ai fait une année de césure où j’en ai profité pour voyager encore plus. Et à mon retour, l’objectif était de reprendre mes études en Master sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu. J’ai eu une énorme opportunité qui a été de reprendre la gestion d’un hôtel 4 étoiles, vue sur le Mont-Blanc (s’il-vous-plaît). Alors, j’ai carrément foncé ! L’affaire s’est vendue 2 ans plus tard, j’avais toujours en tête de monter mon projet mais le COVID est arrivé. Et là encore, tout a été chamboulé ! J’ai découvert l’offre de directeur de l’auberge de jeunesse de La Clusaz et j’ai été recruté en février 2020.

Peux-tu nous présenter ta profession ? (tes missions quotidiennes, les enjeux de ton poste…)

Alors déjà, il n’y a absolument pas de journée type et c’est génial de se dire qu’on va aborder des sujets différents tous les jours.

Mais globalement, le déroulé d’une journée pour moi c’est tout d’abord d’aller à la réception, de m’assurer que tout va bien. Après cela, je consulte mes e-mails afin de voir s’il n’y a pas d’urgence à traiter. Ensuite, je fais un tour des équipes pour dire bonjour à tout le monde. En général, on se fait quelques blagues donc ça peut prendre un petit peu de temps. Et ensuite, on fait des ajustements, notamment au niveau de la cuisine puisqu’on prépare au jour le jour. Puis viennent le traitement des réservations, des appels, l’accueil des fournisseurs, le contrôle de la caisse…

Je suis également en contact permanent avec les clients, je ne suis pas « cloîtré » dans mon bureau comme on pourrait le croire. Il existe une réelle proximité et un réel partage entre les membres du staff et les clients. C’est une réelle force et je dirai même un privilège.

Outre tout cela, un des enjeux forts du poste est l’ancrage local : que peut-on apporter au territoire ? Comment devenir un acteur local important ? Pour cela, il est primordial de développer et d’entretenir des bonnes relations sur le territoire.

Et, l’autre point essentiel, c’est bien évidemment la mise en place de projets au sein de l’auberge de jeunesse afin de participer au rayonnement et à la mise en valeur de l’établissement. Donc ça peut passer par de la déco, la création d’un espace vert/un jardin, la mise en place d’une résidence d’artistes etc. Libre à nous de lancer un projet, tant qu’il sert l’établissement !

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Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette fonction ?

Je pense que j’ai l’esprit entrepreneur donc ce poste m’a tout de suite attiré. L’autre point est que j’adore le management. Et être directeur d’un tel établissement c’est forcément beaucoup de management. J’avais également à cœur de rejoindre un organisme faisant écho à mes valeurs telles que le partage, l’entraide ou encore l’ouverture d’esprit. Rejoindre la FUAJ faisait donc sens, étant une association et un acteur majeur du tourisme social et solidaire.

Selon toi, quelles sont les compétences essentielles pour un tel poste ?

Ce ne sont pas des « compétences » à proprement parler mais selon moi, il faut tout d’abord être passionné. Il faut aussi avoir de l’empathie, être créatif, car les auberges de jeunesse sont des endroits qui ont besoin de vivre, d’évoluer en permanence. Il faut bien entendu être très sociable, savoir communiquer, que ce soit auprès des clients mais aussi auprès de ses équipes.

Et enfin, je dirai qu’il faut assumer ce que l’on fait, les décisions que l’on prend mais aussi et à contrario, savoir reconnaître ses erreurs. Et très important : savoir se remettre en question, encore et toujours !

Quelle est la situation la plus insolite vécue au sein de l’auberge de jeunesse ?

J’en ai bien une mais je ne sais pas si j’ai le droit de la dire… Haha

L’année dernière, un client a fêté dans l’établissement ses 30 ans. Le courant est très bien passé à tel point qu’une fois l’heure d’aller se coucher, j’ai proposé à toute la bande de terminer la soirée au chalet, chez moi. Du coup, je me suis retrouvé dans mon salon, avec des inconnus autour de moi. Un moment de vie à la fois inattendu et génial, que je ne suis pas prêt d’oublier !

C’est vraiment ça qui fait la force des auberges de jeunesse : le fait de pouvoir échanger et rencontrer des gens de tout horizon. Des gens que je n’aurais sûrement jamais eu la chance de croiser dans un autre contexte.

Quelle a été la demande la plus « farfelue » ?

Ah j’en ai bien une et en plus elle est récurrente. Quand on est en septembre et qu’on nous demande très sérieusement s’il y aura de la neige en février. On ne nous demande pas « est-ce qu’il y a de la neige en général en février » mais vraiment « est-ce qu’il va neiger là, en février ? ».

La réponse est en adéquation avec l’humeur du jour. Mais toujours avec le sourire bien sûr !

Selon toi, l’esprit auberge de jeunesse HI France, c’est quoi ?

C’est d’être là pour les autres, déjà. Quel que soit le directeur, le réel point commun entre nous tous, c’est qu’on aime servir les autres, faire plaisir, que ce soit avec les clients ou avec notre STAFF.

D’ailleurs, l’entraide, c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié quand je suis arrivé. On m’a toujours répondu, conseillé, quelle que soit ma demande.

As-tu un moment fort vécu dans l’établissement à nous partager ?

C’est lors du jour de l’an, les réservations de dernière minute étaient nombreuses et l’établissement était complet. Et, lors du repas du réveillon, on pouvait voir une table de copains italiens, des néerlandais qui mangeaient en famille et des couples, des personnes seules, ou des tables de 3 ou 4 potes. La magie a opéré et tous les groupes se sont bien entendus et ont partagé un bon moment. Une belle petite émotion. C’est ça l’esprit des auberges de jeunesse HI France !

Et pour finir… Les auberges de jeunesse, c’est que pour les jeunes ?

Alors, c’est simple, quand je suis arrivé, j’ai directement mis à l’entrée de l’auberge de jeunesse le panneau qui parle de lui-même : « Toutes les générations sont les bienvenues » car je n’en pouvais plus de cette question.

Les séniors pensent que c’est uniquement pour les jeunes, alors qu’à un moment, la majorité de ma clientèle était sénior. Les familles n’osent pas non plus, pensant que ce type d’hébergement ne conviendrait pas. Pourtant, les auberges de jeunesse sont bien ouvertes à tous, sans limite d’âge !

La richesse de l’auberge de jeunesse, c’est la cohabitation, le partage entre toutes ces différentes générations, cultures… Et ça se passe toujours à merveille !

Je ne peux qu’encourager tous les craintifs à tester une première expérience en auberge de jeunesse. Je suis sûr qu’ils y reviendront sans trop tarder ????